Oui et non.
Un stage supplémentaire d'une journée ou demi-journée sur piste, oui. Mais de prévention et sensibilisation.
Un stage de "pilotage" de formation aux techniques de conduite d'urgence ne sert pas à grand-chose à ce stade, en formation initiale.
Tenter de former des élèves conducteurs à des techniques d'urgence ne peut pas donner de bons résultats constants pour une majorité d'entre eux, alors que la plupart parviennent tout juste à maîtriser le véhicule, sans posséder le degré de maîtrise mécanique et de connaissance de la route (réglementation, situations à risque, comportement des autres usagers) nécessaire à une bonne anticipation.
Tout d'abord, il n'existe pas partout en France de circuits avec piste basse adhérence, voire de circuits tout court. Rendre ce type de stages obligatoire revient à rompre l'égalité de traitement des candidats.
Sans oublier qu'une journée de location d'un circuit, avec le staff d'organisation, les véhicules, l'entretien, le carburant... ça coûte une fortune. Déjà que les élèves râlent que le permis est trop cher, je ne pense pas qu'ils accepteraient de rajouter 100 ou 200 euros pour une journée de formation !
C'est facile de dire qu'on va former des novices à réagir aux situations d'urgence.
Le problème est que dans le cadre de cette formation, il ne s'agit pas de vraies "urgences", imprévues, soudaines, dangereuses. Les élèves se trouvent au volant d'une voiture qui n'est pas la leur, qui est en général récente et bien entretenue, sur un circuit sécurisé, sans autres véhicules présents sur la chaussée, et en étant prévenus de ce qui va arriver et comment y réagir.
Vous appelez ça une situation d'urgence ???
Un conducteur débutant pourra faire dix stages de pilotage: confronté à une véritable urgence dangereuse, il ne saura pas l'anticiper, va paniquer et réagir par le réflexe de base, en écrasant le frein.
Ce type de stage peut même entraîner chez certains élèves un effet pervers, inverse de celui recherché: ayant suivi un stage, le conducteur débutant se sont mieux formé, plus apte à réagir et va donc prendre plus de risques.
C'est ce qu'on appelle l'homéostasie du risque. Un nom savant pour le bête principe des vases communicants: si le niveau de risque perçu baisse (parce qu'on se sent en confiance), le niveau de prise de risque monte.
Ce principe a été observé et vérifié à de nombreuses fois dans différentes populations de conducteurs routiers. Les gens qui ont suivi des stages de pilotage ont moins d'accidents, mais plus graves. Ils réagissent mieux, mais roulent plus vite.
Ce qu'il faudrait, c'est d'une part un stage d'une journée de sensibilisation au risque de perte d'adhérence, comme cela se pratique déjà à l'initiative de certaines compagnies d'assurance pour les jeunes conducteurs, afin de leur montrer qu'ils ne savent justement pas maîtriser et rattraper ces pertes d'adhérence. Le but étant de leur apprendre à les prévenir, à les anticiper.
Et d'autre part, après un an ou deux ans de pratique, des stages de technique de conduite adaptés aux besoins des conducteurs (qui varient selon l'âge, la région, etc.), avec également un travail de groupe sur les représentations, les attitudes, les perceptions... bref, sur le comportement, le savoir-être.
La maîtrise du savoir-faire n'est qu'un élément, et pas le plus important.
L'important sur la route est de savoir adapter son savoir-être à son savoir-faire. C'est justement ce que le conducteur débutant ne sait pas, ne comprend pas et n'applique pas.
Inutile et dangereux de renforcer le savoir-faire sans amélioration du savoir-être.
Au Luxembourg, en Autriche, les stages post-permis sont obligatoires, avec d'excellents résultats sur l'accidentalité.
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@ François Pécheux (ou la personne qui a rédigé sa présentation) : j'aurais pensé que vous étiez plutôt adepte du style "caméra au poing"...
Il vaut mieux savoir faire la mise au point si vous voulez que vos images soient comprises !
;))))